Julie Bataille est née en 1948, à Genève. Elle est la fille de l’écrivain Georges Bataille et de Diane Kotchoubey de Beauharnais (fille d’Helen Pearce, une ressortissante sud-africaine, et du prince Eugène Kotchoubey de Beauharnais). Poète et scientifique, elle a fait des études en biologie et a été animatrice à la Cité des Sciences, à Paris. Julie Bataille a publié son premier livre de poèmes, en 1997, sous le pseudonyme Julie Ahne Kotchoubey.
Dans ses poèmes, Julie Bataille sème ses « empreintes », comme autant de cris passionnés : Ton corps me plaque au dos des silences de désir… et je boirai à ton eau sans fin l’eau du désert profonde et violente. Son écriture est simple et sensuelle, parfois violente, car les sentiments le sont : J’ai désappris de t’aimer – C’était à coups de couteau. De tous les thèmes, c’est assurément l’amour qui prédomine, car Mes yeux aspirent à la beauté de la flamme arrachée. Le poète habite l’intensité de sa quête, se risque à vivre et à aimer, parfois avec déception dans l’amour ou l’amitié trahie : Mes yeux courent dans la peur.
Dans la mort noire de l’obscurité d’une fleur charnelle, Julie Bataille nous livre les blessures de la solitude et la mosaïque insensée des désirs, en de belles images originales, qui donnent soif d’un soleil nu et chaud. Car, comme l’a écrit Monique Labidoire (in Les HSE n°13/14, 2003) : Poésie et amour s’incarnent nécessairement dans un étrange corps étranger. Que savons de l’amour, que savons-nous du poème si ce n’est cet appel vers une aventure dont nous rêvons qu’elle sera unique. Unique oui. Mais pourquoi ne serait-elle pas partagée ? Partager, ce n’est pas donner une part de ce que nous avons en commun mais bien d’offrir une part de ce que l’autre n’a pas et qui va, par une précieuse alchimie s’agrandir et résonner au plus intime de l’un et de l’autre. Ce que nous propose Julie Bataille est de cet ordre : être à l’écoute l’un de l’autre – et par là même des autres – afin de recueillir et d’accueillir toute vibration, tout frisson, tout plaisir d’être, d’aimer, de penser, de créer. Pour y parvenir, elle doit passer par la voie qui seule l’anime, celle de l’écriture. Il faut souligner l’importance de l’écriture poétique dans cette démarche qui soutient totalement l’ossature de cette expérience, qu’ont deux êtres, d’entrer en osmose créative donc en synergie. Deux êtres de sexe différent, une femme, un homme mais ne pourrait-on pas imaginer qu’un même processus vaille dans l’absolu ?
Pour Julie Bataille, il semble qu’il y ait une proposition d’un nouveau romantisme, un romantisme de la raison, de la rigueur, de la distance. Magnifique tension que cet équilibre entre la transparence et la densité, entre l’émotionnel et le rationnel déchargés de tous les tabous et de tous les renoncements enchaînés au sexe. « J’aimerais vous connaître avec ma peau » entend-on en écho, mais aussi avec tes mots et ton tremblement.
A lire : États de charme, avec Yves Ros (éd. Librairie-Galerie Racine, 2003), Grumes et poissons fous (éd. Librairie-Galerie Racine, 1997)